La Fondation Gobat pour la paix a reçu récemment une délégation de maires israéliens en marge d’un séjour en Suisse organisé avec le soutien du DFAE. Cette rencontre s’est inscrite dans le cadre d’un dialogue initié en marge de la constitution de la fondation en octobre 2020. Prévu l’année dernière déjà, le voyage en Suisse de cette délégation avait dû être reporté compte tenu de la pandémie de Covid 19.
Le programme concocté par la fondation pour cette délégation était pour le moins copieux, varié et enrichissant. Reçues à l’Université de Berne par Mme Silvia Schroer, vice rectrice, les quinze personnes composant la délégation ont ainsi eu l’occasion d’être initiés au fédéralisme de notre pays lors d’une conférence donnée par le Prof. Kurt Nuspliger.
Toujours dans la capitale, ils ont visité le Rathaus, siège du parlement et du gouvernement bernois sous la conduite de M. Patrick Trees, Secrétaire général du Grand Conseil, ainsi que la Maison des cantons où ils ont échangé sur le multiculturalisme et la protection des minorités. La délégation a d’autre part eu l’occasion de discuter de la gouvernance d’une grande ville avec M. Alec von Graffenried, Maire de Berne. Elle a enfin eu le privilège de visiter le Palais fédéral sous la conduite de Mmes Regula Rytz et Elisabeth Baume-Schneider. Il s’agissait notamment pour la Fondation Gobat de leur exposer l’organisation des trois niveaux de l’Etat. Cette leçon de fédéralisme s’est conclue par une journée à l’Institut du fédéralisme à Fribourg.
Ces différentes visites et rencontres ont fait l’objet d’échanges très intéressants notamment sur la protection de minorités.
De la théorie… à la pratique
Après trois jours passés à Berne, la délégation s’est déplacée au CIP, siège de la Fondation Gobat pour la paix. A Tramelan, la fondation avait pour objectif de leur démontrer comment on peut résoudre des problèmes de société avec des outils démocratiques. Présente à Tramelan, Mme Micheline Calmy-Rey, présidente de la fondation a échangé avec les membres de la délégation au sujet du conflit israélo-palestinien.
Cette semaine marathon s’est conclue par une visite de la Fondation Digger à Tavannes
et par un débat entre les participants.
Cette semaine marathon s’est conclue par une visite de la Fondation Digger à Tavannes et par un débat sur la démocratie directe et la décentralisation, et plus spécifiquement sur la valeur/utilité de celle-ci. Un débat auquel prenaient part MM. Philippe Perrenoud, ancien Conseiller d’Etat et membre du Conseil de fondation, Philippe Augsburger, Maire de Tramelan et membre du Conseil de fondation et Fabien Vorpe, Maire de Tavannes..
Quelques impressions recueillies à la fin du séjour auprès des participant-e-s
Nir Bartal, chef du Conseil Oranit
La constitution en Suisse a une grande importance. L’impact de l’absence d’une constitution en Israël est évident à la fois dans le gouvernement et les systèmes juridiques. Le principe de prendre des décisions au niveau local, reflétant les valeurs des citoyens, est un principe important dont Israël ne peut que bénéficier de son adoption, avec des ajustements au public et aux lois israéliennes. Le système suisse permet au gouvernement de comprendre et de connaître l’état de l’économie locale d’une manière meilleure, plus transparente et plus fiable.
Shoshi Khachlon Kidor, maire de la ville de Kfar Yona
La mise en œuvre des décisions prises par le pouvoir législatif fédéral à l’échelle locale est beaucoup plus efficace lorsque ces décisions sont prises après un processus de consultation important avec le gouvernement local. Je réfléchis à la manière dont je peux mettre en œuvre de tels processus dans mon conseil.
Tzvika Brot, maire de Bat Yam
Par rapport au système suisse qui prône la participation du public, nous devons créer de bien meilleurs mécanismes d’engagement du public dans la prise de décision. Une réelle participation qui inclut un large public et pas seulement les quelques porteurs d’intérêts qui imposent leur position.
Je me demande : comment pouvons nous même commencer à léguer une culture politique basée sur le dialogue, la recherche d’accords et la mise en place de freins et contrepoids, dans un pays si jeune qui manque d’une telle culture politique et d’une telle histoire.
Rotem Yadlin, chef du conseil de Gezer
Je réfléchis à l’idée d’écoles multilingues. Le système en Israël maintient une séparation complète entre les publics juif et arabe, au lieu de se mélanger et d’offrir un système bilingue. J’essaie d’imaginer comment une école bilingue régionale peut fonctionner en Israël.
Idan Grinbaum, président du conseil d’Emek HaYarden
La nécessité pour les représentants publics d’expliquer à leurs citoyens comment ils perçoivent chaque problème – est un outil incroyable. J’envisage essayer de communiquer à ma population une partie de notre processus de prise de décision d’une manière accessible, claire et pourtant approfondie.
Avi Grober, maire de la ville de Ramat Hasharon
Je me demande comment créer l’incitation pour le gouvernement à libérer des compétences au niveau régional et local ? Après tout, nous devrons bientôt réfléchir à la manière dont nous pouvons empêcher les partis extrémistes et sectoriels d’influencer le gouvernement local de manière problématique. Principalement dans les domaines de la religion et de l’État.
Amir Kochavi, maire de Hod Hasharon
Je rentre au pays avec un fort sentiment de la nécessité de renforcer le gouvernement local en Israël. Nous aurons encore plus besoin de ce pouvoir après les résultats des dernières élections.
La lutte politique constante en Israël pour gagner la sympathie du public, et les votes dans les urnes, ne permet pas de compromis, de dialogue approfondi, de discours entre les camps. Je voudrais emporter avec moi l’espoir d’un changement grâce à un discours politique respectueux et inclusif également au niveau du conseil local.